Histoire de la cité

Alexandrie a gardé peu de traces de son passé en raison des multiples destructions qu’elle a subies et des transformations géographiques des ports. Cependant, les travaux archéologiques en restituent  peu à peu les vestiges.

La fondation. Alexandrie est  fondée en 332 avant J.-C. par Alexandre le Grand qui est  frappé de sa position idéale pour y créer un port. Il souhaite favoriser les échanges entre les deux rives de la Méditerranée. À cet endroit s’étend alors un bourg égyptien, Rakôtis, dont le petit port est fréquenté depuis longtemps par des marins phéniciens. Face au port de Rakôtis se trouve l’île de Pharos comme un immense brise-lames.

Les plans de la cité sont tracés par l’architecte Dinocrate qui oriente judicieusement les rues de manière qu’elles soient balayées par le vent du nord. Les travaux commencent aussitôt, mais la cité doit attendre le règne de Ptolémée II Philadelphe ( 282 – 246 avant J.-C.) pour être véritablement en voie d’achèvement.

La capitale des Lagides. Sous les Ptolémées, la ville connaît un essor important. Ptolémée I Sôter (qui règne de 323 à 283 avant J.-C.) réunit l’île de Pharos à la ville d’Alexandrie par l’Heptastadion, une jetée de sept stades de longueur (1800 m env.). En créant de nouveaux quartiers, il favorise l’établissement de savants et d’artistes tels le mathématicien Euclide, le peintre Apelle ou le médecin Érasistrate.

Ptolémée II Philadelphe poursuit et développe l’œuvre de son père en réalisant un certain syncrétisme entre la civilisation grecque et la civilisation égyptienne. Toute une suite de palais se développe le long du port et en particulier le Musée. À l’origine, édifice sacré consacré au culte des 9 Muses, il est doté  d’une grande bibliothèque conçue par Démétrios de Phalère. Ce centre constitue un véritable institut de recherche fréquenté par les poètes, les philosophes et les savants les plus illustres du monde hellénistique. Sur l’île de Pharos, Soscrate de Cnide construit le célèbre Phare considéré dans l’Antiquité comme l’une des Sept merveilles du monde. Sous les premiers Ptolémées, malgré quelques troubles, la population d’Alexandrie continue de s’accroître. La ville reste une grande capitale cosmopolite, ornée de toutes les curiosités et de toutes les élégances.

La seconde ville de l’Empire romain. En 48 avant J.-C., César tient un siège au cours duquel une partie de la célèbre bibliothèque prend feu.  Sous la domination romaine, Alexandrie devient la seconde cité de l’Empire romain et connaît à nouveau une période prospère. On y construit des édifices tels que le Caesareum ou Sébastéion (achevé sous Tibère) ; le commerce se relève et atteint un développement jusque-là inconnu, par les relations établies avec les Indes. Une période brillante s’ouvre pour la ville qui compte plus de 500000 habitants et devient la seconde cité de l’Empire romain. Mais son caractère cosmopolite amène des troubles qui causent d’importants dégâts.

À partir du IIIe siècle, l’histoire de la ville multiplie combats, pillages, soulèvements et de sanglantes répressions. La dissolution du Musée et le massacre ordonné par l’empereur Caracalla (en 215) marquent le commencement d’une décadence que vont bientôt accélérer les persécutions contre les chrétiens, les guerres extérieures de l’Empire romain et les luttes internes pour le pouvoir.

Au début du IIIe siècle naissent les théories d’Origène lequel commente tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament en distinguant  le sens littéral, le sens moral et le sens spirituel. En 392, Théodose condamne le paganisme et fait détruire le temple de Sérapis, piller la bibliothèque et fermer les temples.

La conquête arabe. En 642 le général arabe Amr ibn al-As s’empare de la ville. Déjà affaiblie sous les empereurs byzantins, elle poursuit sa décroissance et sa décadence.

L’expédition française d’Égypte

De 1798 à 1801, Bonaparte et ses successeurs lancent une expédition militaire afin de conquérir l’Égypte pour barrer la route des Indes à la Grande-Bretagne. L’armée débarquée à Alexandrie s’accompagne de nombreux historiens, botanistes, dessinateurs afin de redécouvrir les richesses de l’Égypte. C’est le début d’une ère de régénération.

La ville antique

À mesure que l’on bâtit et que l’on creuse des fondations modernes, de nombreux vestiges permettent de retrouver le plan de la ville ancienne : un plan rectangulaire divisé par de larges rues tracées en damier. Deux rues principales, plus larges, se croisaient à angle droit.

 

Le phare d’Alexandrie

Sur l’emplacement du phare antique s’élève aujourd’hui le fort du sultan Qytbay. Toutefois, l’Archéologie marine continue de retrouver des vestiges du phare antique. Considéré dans l’Antiquité comme l’une des sept merveilles du monde, il fut érigé sur l’île de Pharos par Soscrate de Cnide au IIIe siècle avant J.-C. sous Ptolémée II Philadelphe. C’était une tour à plusieurs étages (carré, octogonal et circulaire) qui atteignait près de 130 mètres surmontée d’une statue. Un feu visible jusqu’à 100 milles au large brûlait à son sommet. C’est l’ancêtre de tous les phares modernes qui lui doivent son nom.

Le Sérapéum  et la colonne de Pompée

Un grand sanctuaire dédié à Sérapis se trouvait au sud-ouest de la ville. Il était entouré de nombreux jardins et salles de conférences ainsi qu’une annexe de la Grande Bibliothèque. Il n’en subsiste qu’une colonne en granit rouge poli, de 30 m de haut. On a longtemps cru qu’elle marquait l’emplacement où César aurait enterré Pompée qu’il poursuivait depuis la bataille de Pharsale. Mais une inscription grecque  sur la base de la colonne montre qu’elle fut  érigée non pas en l’honneur de Pompée, mais de l’empereur Dioclétien, vainqueur d’Achillée tyran d’Égypte en 296.

Le Caesarum

C’était un temple construit par Cléopâtre en l’honneur d’Antoine, resté inachevé, terminé par Auguste et consacré de son vivant au culte impérial. Il était à proximité de deux obélisques, rapportés d’Héliopolis et appelés les « aiguilles de Cléopâtre ». On peut les voir aujourd’hui l’un à Londres, l’autre à New-York. Le Caesarum après avoir abrité des chrétiens, des orthodoxes puis des jacobites a été détruit en 912. Selon Socrate de Constantinople, c’est à proximité de ce temple alors transformé en église qu’Hypatie aurait été cruellement assassinée.

Le théâtre du Kom ed-Dik

À proximité de vastes thermes dont on a retrouvé quelques vestiges et une belle mosaïque de l’époque de Tibère  a été édifié, vers la fin du IIe siècle, un petit  théâtre ou auditorium d’environ 800 places. Il est composé de douze gradins en marbre blanc et gris. Les colonnes d’ornement sont en cipolin (marbre veiné) importé d’Asie Mineure et en granit rose d’Assouan. Un mur extérieur de 8 mètres entourait l’édifice.

Les catacombes de Kaum esh-Shuqafa, exemple frappant de syncrétisme

Dès l’arrivée d’Alexandre le Grand, les cultures grecques et égyptiennes ont appris à se mêler. Les catacombes sont une vaste construction souterraine à trois étages datant des Ier et IIe siècles. Leur décoration constitue un exemple remarquable du résultat de la fusion de deux arts, l’égyptien et le gréco-romain. Sur les colonnes qui précèdent la chambre funéraire, Anubis, dieu égyptien des morts, est vêtu en légionnaire romain et arbore une queue de serpent, attribut du dieu grec protecteur Agathos Daimon. Dans la chambre du tombeau, les dieux Horus et Thot sont rendus dans un style gréco-romain. L’une des salles, dite chambre de Caracalla, a également servi de refuges aux chrétiens persécutés par cet empereur.